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LA THEORIE DES FAMILLES D’EMOTIONS

Publié le 15.05.2015

LA THEORIE DES FAMILLES D’EMOTIONS

La classification des Ă©motions en « familles Â», se fait par les expressions faciales. Ainsi, on classe dans la mĂªme famille, des Ă©motions de mĂªme nature qui diffèrent en intensitĂ© ou des Ă©motions de nature diffĂ©rente mais qui partagent une expression faciale commune.

Historique des familles d’émotions.

De l’AntiquitĂ© Ă  nos jours, de nombreux philosophes et chercheurs se sont penchĂ©s sur les familles d’émotions. Aristote (384-324 av. J.-C.) cite la colère, la pitiĂ©, la peur et le dĂ©sir ainsi que leurs opposĂ©s et prĂ©cise qu’elles sont suivies de plaisir ou de douleur. Descartes (1596-1650), Ă©numère six « passions primitives Â» (l’admiration, l’amour, la haine, le dĂ©sir, la joie et la tristesse) et 34 autres passions, qui naissent des combinaisons des six premières ou qui en dĂ©coulent.

Pour Darwin (1972), les hommes et les animaux possèdent des expressions comprises par tous pour exprimer certaines Ă©motions de base, indispensables Ă  leur survie. Pour lui, les Ă©motions sont universelles (on peut les trouver dans toutes les cultures et tous les pays) et adaptatives (elles auraient favorisĂ© la survie de l’espèce en permettant aux individus de rĂ©pondre de façon appropriĂ©e aux exigences environnementales). Au dĂ©but du 20ème siècle on considère que l’expression de toutes les Ă©motions n’est pas innĂ©e mais au contraire acquise culturellement. Il faudra attendre 1967-68 pour qu’Ekman tranche le dĂ©bat en faveur de Darwin grĂ¢ce Ă  des expĂ©riences sur des peuples de Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e. Depuis, plus d’une trentaine d’études ont confirmĂ© le caractère universel de plusieurs familles d’émotions.

Les émotions de base ou primaires.

Les Ă©motions primaires existeraient dans toutes les cultures humaines et aussi chez la plupart des VertĂ©brĂ©s supĂ©rieurs. Il existe un nombre dĂ©terminĂ© d’émotions de base. Elles sont caractĂ©risĂ©es par 3 composantes spĂ©cifiques : des affects, des expressions comportementales et des manifestations physiologiques auxquelles ajoutent deux autres Ă©lĂ©ments plus variables: la tendance Ă  l’action et l’évaluation cognitive.

Certaines Ă©motions sont admises par tous, (la colère ou la peur) d’autres sont plus discutĂ©es (la joie, la satisfaction, etc.). Selon les auteurs, il est possible de distinguer entre 4 et 10 familles d’émotions de base. Darwin se basait sur 7 familles d’émotions qui selon lui partageaient une expression faciale universelle :

le bonheur (ou la joie)

la tristesse

la colère

le dégoût

la peur

la surprise

le mépris

Les émotions complexes ou secondaires.

Les Ă©motions secondaires, dites Ă©galement complexes ou mixtes proviendraient d’une combinaison des Ă©motions de base. Elles ne sont pas universelles et se distinguent par leur caractère temporel durable et par leur apparition qui n’est gĂ©nĂ©ralement pas liĂ©e Ă  un Ă©vĂ©nement unique et imprĂ©vu.

Il existe plusieurs thĂ©ories sur les Ă©motions secondaires. Plutchik se base sur l’approche Ă©volutionniste et dit que les Ă©motions secondaires sont des mĂ©langes de deux autres Ă©motions primaires. Il a proposĂ© un modèle multidimensionnel intĂ©ressant pour caractĂ©riser et classer les Ă©motions primaires et secondaires. Oatley et Johnson-Laird, se basent sur l’approche cognitiviste pour Ă©noncer qu’une Ă©motion secondaire est la combinaison d’une Ă©motion de base et de reprĂ©sentations mentales. Pour Damasio, les Ă©motions secondaires se mettent en place Ă  lâ€™Ă¢ge adulte, sur la base des Ă©motions primaires que possède l’enfant et Ă  partir des expĂ©riences de la vie.

Quelques exemples de spécificités selon les peuples.

De rĂ©centes Ă©tudes ethnologiques sur des civilisations très diffĂ©rentes de la nĂ´tre, remettent en question la notion d’universalitĂ© des Ă©motions primaires. Il existe en fait des spĂ©cificitĂ©s selon les peuples et les cultures. Par exemple, il est des peuples Ă©loignĂ©s et/ou isolĂ©s qui ne connaissent pas des Ă©motions de base occidentales (ex : pas de colère chez les Esquimaux Utka) ou qui ne reconnaissent pas l’expression faciales de certaines de nos Ă©motions. Inversement nous ne reconnaissons pas non plus toutes leurs expressions faciales. La manière de ressentir et d’exprimer des Ă©motions est Ă©galement diffĂ©rente au Japon, oĂ¹ des Ă©motions particulières comme l’amae existent ou oĂ¹ l’on exprime ses sentiments par la modification corporelle (ex : « Ăªtre en colère Â» se dit  Â»le ventre se soulève Â»). MĂªme au sein de l’Europe il existe des spĂ©cificitĂ©s. Par exemple, en Espagne, la verguenza ajena dĂ©crit le sentiment que l’on peut avoir devant quelqu’un qui se comporte de façon inadĂ©quate. Il existe aussi des peuples pour qui les Ă©motions sont considĂ©rĂ©es comme apprises et non pas innĂ©es (ex : le cas de la peur pour les Iffaluks du Pacifique).

© Bénédicte Baur

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